En trois court métrages (Pardon Cupidon, Rosita et Walking on The Wild Side), ils ont atteint une forme de quasi-perfection de cette expression cinématographique singulière. Avec L’Iceberg, coréalisé avec Bruno Romy, ils se lancent dans l'aventure d'un long métrage. Bourré jusqu’à la gueule d’inventivité, d’idées, de défis relevés et assumés, le film emporte le spectateur durant trois quarts d’heure, mais s’essouffle sur la durée.
Avec Rumba, si le style et le regard sont toujours les mêmes, le ton change quelque peu. Une fois de plus, le film démarre sur les chapeaux de roue en nous faisant partager le trépidant quotidien d’un couple d'enseignants pratiquant avec passion la rumba et autres danses latinos.Une première demi-heure sans temps morts, sans fausses notes, sans reproches. Et puis, brusquement, c’est l’accident de voiture. La vie de notre couple bascule, et le film avec. Tout ce que Dom et Fiona avaient pour être heureux va, pièce par pièce, leur être enlevé. Le couple s’enfonce dans le malheur et s’autodétruit sans abandonner un regard décalé et un ton burlesque. Un peu comme s’ils voulaient nous démontrer qu’on peut aussi faire passer des choses graves par ce biais. C’est sans doute vrai, à condition de vite reprendre son envol vers des sphères plus éthérées, mais le film s’englue dans le mélodrame et fait le grand écart entre un fond désespéré et une forme comique et poétique. Un double langage qui génère des moments de grande émotion (la danse des ombres sur le mur), mais aussi sa part de malaise. Heureusement, les cinéastes rétablissent l’équilibre par une pirouette finale que, bien sûr, nous ne dévoilerons pas.
C’est néanmoins avec enthousiasme qu’on s’est précipité sur le DVD proposé par Cinéart, tant on a plaisir à plonger en compagnie d’Abel et Gordon. Dépaysement garanti. On apprécie leur perfectionnisme, on partage leur passion et puis, quand cela fonctionne, cela vaut bien toutes les maladresses du monde.
En complément du film, tout de même assez court (75 minutes), un making of dû à la caméra de Boris Dhommée et Thomas Mazingue permet de se faire une idée du sérieux et de la minutie nécessaires à la mise en place d’un tel travail. Composé simplement de scènes de tournage juxtaposées sans commentaires, ce bonus rend compte de l'ambiance au sein de l’équipe de tournage : chaleureuse et appliquée. Des scènes coupées et un bêtisier complètent le tableau.
Enfin, cerise sur le gâteau, le troisième court métrage d’Abel et Gordon : Walking on the Wild Side, auquel Cinergie avait, en son temps, décerné son prix. Même présenté dans une version quelque peu tronquée par rapport à l’originale, on reste encore aujourd’hui soufflé par la maîtrise du duo qui avait parfaitement réussi à cerner son sujet.