Didier Stiers : Pour plaisanter, quand on voit Le Réveil, on pourrait dire que l’aide à la production a essentiellement servi à construire le décor et réaliser les «effets spéciaux», non ?Marc-Henri Wajnberg: Oui mais, en réalité, l'aide qu'on reçoit de la Communauté française ne suffit pas pour financer complètement, il faut toujours trouver d’autres sources. Et ici, j’ai surtout eu une aide de Canal+. Le gros du travail sur ce film a effectivement été de construire tout le décor au fur et à mesure du scénario, en fonction de ce qui devait apparaître à chaque moment à l’image. Et tous les effets ont été réalisés pendant le tournage. Il nous a plus ou moins fallu un mois de construction et de répétitions pour un jour de tournage avec Jean-Claude Dreyfus.
D.S. : Vous êtes passé au long-métrage, mais vous êtes aussi plus d’une fois revenu au court.
M-H.W.: Je n'ai pas de plan de carrière, je fonctionne avec les choses qui m'intéressent au moment où elles se présentent. La difficulté, c’est que chaque projet prend du temps pour se mettre en place : je ne tourne pas régulièrement et je suis moi-même scénariste, réalisateur et producteur. Mais je ne regrette aucun de mes films.
D.S. : Avoir plusieurs casquettes simplifie les choses quand on dépose un projet à la Commission, où vous siégez, d’ailleurs ?
M-H.W.: D’une part, je me rends compte que c'est un outil extraordinaire, même si rien n'est parfait. C'est encore un des rares espaces dans le monde, ou du moins en Belgique, où l'œuvre prime sur l'aspect financier et la rentabilité. Après, j'ai l'impression d'être aujourd'hui, comme à mes débuts, comme un débutant, de devoir me battre et prouver que je suis capable de faire des courts, des documentaires, des longs ou, comme aujourd’hui, de travailler sur un projet de réalité virtuelle… Mes films sont parfois refusés, parfois acceptés. Mais j’ai appris à ramer très tôt ! Malheureusement, il y a aujourd’hui de moins en moins d'eau…
D.S. : Pour pas mal de gens, vous resterez « Monsieur Clap » : pas trop lourd à porter ?
M-H.W.: Je suis assez fier de cette collection, ça fait partie de mon histoire, de mon métier du cinéma et ça rend quand même hommage à un travailleur de l'ombre. C’est le clap qui fait démarrer la magie : soudain, on est dans une autre réalité.
D.S. : D’où vous est venu ce personnage ?
M-H.W.: Je n'avais pas de moyens financiers mais des moyens techniques, et je me suis demandé ce que je pouvais faire, avec de la jugeote et de l’inventivité, que d’autres ne feraient pas. Tous ceux qui ont vu la maquette m’ont déconseillé de continuer, me disant que personne ne me prendrait des films de 8 secondes. Je me suis endetté en promettant que ça allait marcher. Et ça a marché ! J’ai finalement tourné 1.200 « épisodes », Le Clap a été vendu à une cinquantaine de chaînes et a lancé la mode des « shorts ». C’est ce qu’on m’a dit chez Canal quand est né le département des films courts, et c’est un peu suite au Clap que MTV s’est également mis aux « shorts ». Ca ne me dérange donc pas, au contraire : j’en suis fier et c'est même le logo de ma boîte.
Didier Stiers