Désir d’Abrazo

Chaque année, Claudine, Alice, Leela, Manon, Annie et bien d’autres font le voyage de Buenos Aires pour aller danser le tango. Elles ont entre 50 et 70 ans. Elles ont intégré les valeurs du féminisme et sont farouchement attachées à leur autonomie. Et pourtant, chaque nuit dans les milongas, elles se prêtent à un rituel machiste qui peut s’avérer parfois très décevant. A Buenos Aires, pas question d’inviter un homme à danser. Il faut attendre l'invitation. Elles sont regardées, jugées impitoyablement sur leur physique et leurs aptitudes à la danse.

Que recherchent-elles dans cette aventure qui ressemble à parcours initiatique ? Qu’est-ce qui les fait revenir sans cesse dans la capitale portègne? Le sexe? Mais pourquoi dès lors s’astreindre à un apprentissage aussi exigeant que celui du tango ? Est-ce le plaisir de la danse ? Le tango se pratique autant à Paris, Montréal ou Bruxelles qu’à Buenos Aires. Qu’est-ce que la mégapole sud-américaine leur offre d’autre ? Ne serait-ce pas avant tout ce désir d’être prise dans les bras, cette chaleur du contact humain, cette proximité des corps et des âmes typiquement argentine ? Qu’est-ce que cela dit finalement, de nos sociétés européennes ou nord-américaines ?