Derrière les meilleurs moments de ce portrait filmé, une idée forte de dispositif ; ramener Wilchar à Breendonk, le camp d'internement allemand en Belgique où le poseur de bombes fut déporté pendant la dernière guerre, et confronter la mémoire d'un homme avec le lieu même où ça a eu lieu. Ça, ce point aveugle où n'en finit pas de buter le témoignage concentrationnaire (cf L'Espèce humaine de Robert Antelme).
Tant, s'il est impossible d'oublier ce qu'on a vu et subi, il est impossible aussi de dire l'innommable, impossible de raconter ce qui fut vraiment et qui brisa votre vie. Malgré quelques coups de zoom redondants - cette plaie des documentaires - et un symbolisme parfois balourd (le retour insistant de gouttes d'eau sur un écran noir - des larmes ?), Richard Olivier a eu le tact de s'effacer devant la force du personnage, sa révolte, son émotion et sa folle générosité.
Christian Bréda