Un récit de famille avant tout, construit sur l’une des plus saisissantes rencontres de trois générations: un homme, son père et son fils. Et, comme une menace s’insinuant entre eux, l’agent immobilier hâte les opérations de vente. L’affaire a été cachée au père, et le fils d’Emilien est bien trop jeune pour entrevoir le malheur derrière ses petites voitures et le monde qu’il a créé pour elles.
C’est en dispersant ces trois personnages que Quentin Moll-Van Roye développe une tension narrative impressionnante, qui tire son essence d’un amour filial complexe et chargé. Tandis que le jeune fils découvre l’austérité des couloirs de la maison, dans une mise en scène coudoyant celle du cinéma d’horreur, Emilien doit faire face à une responsabilité qu’il ne pensait pas devoir engager. Le temps et l’espace tout entiers s’embrasent et se resserrent sur le verdict de cette corde, jusqu’à ce que les vaches ne ressurgissent d’un ailleurs lugubre de façon presque surnaturelle, précipitant une sentence dont elles n’ont pas conscience. La corde semble finalement tenir les trois hommes au cou, dans l’ombre de cette ferme qu’Emilien avait jugé bon de faire disparaître.
Quentin Moll-Van Roye prouve ici de grandes qualités scénaristiques, pour un drame solidement construit, qui parvient en peu de temps à générer un fort attachement pour les trois personnages. Grâce à des vecteurs dramatiques intenses – qui tiennent aux influences directes de l’environnement extérieur – il parvient à concentrer l’attention sur les conflits intérieurs de chacun des trois personnages, et à les faire communiquer dans le silence. Cette esthétique, qui tire son identité du côté du thriller et du film néo-noir, fonctionne intelligemment bien avec la poétique désespérée qui s’installe dans le récit, et dont elle rehausse les extrémités.