Dans son esthétique et son style vintage, le court-métrage d’Alice Khol nous rappelle les émissions de télévision des années 1990, saturées de couleurs et de sons. Toutefois, son aspect très contemporain réside dans le choix du sujet et l’orientation du propos, à savoir un personnage tourné vers lui-même et vers son petit monde. Les angoisses de ce personnage solitaire se mêlent à sa gaieté naïve et hyperactive (un trait qui nous rappelle le personnage de Pee-wee Herman crée par Paul Rubens dans les années 1980) mais se décuplent lorsqu’il découvre que d’autres individus s’emparent de son identité et tentent de se débarrasser de lui. À la longue, le propos s’essouffle quelque peu, cramponné au récit de ce musicien qui se complaît dans une forme de mégalomanie. En revanche, l’ironie des chansons apporte une touche d’autodérision intéressante qui étoffe l’ensemble. Il y a enfin cette légèreté de traitement, cette simplicité esthétique et cet humour facétieux qui s’accordent intelligemment avec les intentions de réalisation pressenties au début.
Organisé comme une succession de clips musicaux faisant partie d’une seule unité – à savoir la journée de Pierre(s) –, le court-métrage d’Alice Khol se démarque surtout par sa forme qui se veut fantasque et excentrique, brisant pas mal de codes de la narration cinématographique traditionnelle, notamment grâce aux possibilités qu’offre le reportage.