Expulsée de son pays d’Afrique pour avoir tenté de récupérer quelques litres de l’eau que le Roi Lion monopolise pour l’alimentation de sa luxueuse piscine, une girafe atterrit, sous une pluie battante, à Mirzaland, pays du nord peuplé de chiens où elle va tenter de refaire sa vie. De nombreuses épreuves l’attendent : franchir les contrôles douaniers, trouver un logement, s’accoutumer aux usages locaux, obtenir de l’administration que soit enregistrée sa demande d’asile et que lui soit délivré un permis de séjour provisoire, trouver un travail, se faire des amis, … tout cela pour apprendre in fine que sa demande est refusée, et se voir reconduire manu militari à l’aéroport avec la même valise marquée « Destination : ailleurs ». Heureusement ses amis ne l’oublient pas et ne vont pas l’abandonner.
L’histoire est racontée aux enfants par Pascale Hecquet dans un dessin animé de 12 minutes au graphisme simple et coloré. Le dessin attire d’emblée la sympathie, mais c’est la narration qui impressionne le plus. Comment arriver à délivrer un message aussi complexe à un public jeune, multilingue et pas nécessairement gagné d’avance ? À ce défi de taille, la réalisatrice répond de manière tour à fait adaptée. Chaque scène, qui correspond à une difficulté à affronter, est écrite avec précision. Les situations sont claires, les difficultés ne sont pas esquivées, mais la fantaisie et le jeu ne sont jamais absents. Le tout s’ajuste de façon équilibrée, avec cohérence. Le rythme est parfaitement maîtrisé, le suspense ne se relâche pas. Pour faciliter la compréhension, la narratrice opte pour un minimum de dialogues. Le récit en est allégé et le film peut ainsi être proposé, avec un sous-titrage quadrilingue (français, anglais, allemand, néerlandais) sans grandes difficultés de compréhension, même pour les plus petits. L’ambiance sonore est assurée par de petits bruitages, des borborygmes et la musique de Bernard Masuir, qui colle à l’histoire. Le résultat est d’une facilité de lecture remarquable. Simple, clair, sachant parler avec légèreté de situations graves, le film atteint pleinement ses buts : retenir jusqu’au bout l’attention des petits et des grands, et faire partager, avec un maximum d’économie de moyens, des situations difficiles.
Le CD-ROM inclus dans le paquetage complète parfaitement la vision du film. Réalisé avec la collaboration de la Ligue des droits de l’homme, il apporte aux plus petits, sous une forme ludique, une foule d’informations qui répondent aux multiples questions que soulève l'histoire de Girafe. Elles sont dispensées, tout au long du jeu proposé aux enfants, par "La valise", un petit personnage sympathique doté (en français et en néerlandais tout au moins) de la voix de Circé Lethem. Il comprend aussi un dossier pédagogique complet à l’attention des éducateurs, parents ou enseignants qui pourront ainsi accompagner l’enfant dans sa découverte. Outre des informations générales, sur la Déclaration universelle des droits de l’homme par exemple, on y explique aussi les raisons qui ont motivé les choix des thèmes abordés dans le film et dirigé la conception du jeu (comme, par exemple, celui de l’eau). Le tout forme ainsi un outil parfaitement adapté à une découverte par l’enfant d’un des problèmes contemporains les plus cruciaux, qu'il soit seul à la maison, en famille, dans un mouvement de jeunesse, ou à l’école. Le projet a d’ailleurs été soutenu par un nombre impressionnant de partenaires « institutionnels » qui vont de la COCOF à la Région Alsace en passant par le Fonds Triodos, la Fondation Prince Philippe, ou encore la DGCD, la Direction de la coopération au développement de la Communauté française. On en passe et des meilleurs…