C'est donc en quête d'une nouvelle raison d'espérer que le couple Manuel Poutte-Sandrine Tenaud part sur les routes à la rencontre de personnes porteuses d'alternatives au modèle dominant imposé.
Ils arpentent la France, la Belgique et l'Italie, et on découvre avec eux ces personnes qui remettent en question, par leurs actions et leurs discours, les principes d'économie, de politique, de travail et de consommation. L'une des forces de ce processus déambulatoire est de mettre en exergue, dans ce quotidien sans cesse plus individualiste, le retour à une logique de rencontre et de partage. Tant de manière intellectuelle que concrète, les exemples proposés par le réalisateur au fil de son périple donnent à voir une multitude d'initiatives locales de réappropriation du vivant.
Pourtant, au fil du récit et au delà des discours, le film inscrit en filigrane l'image d'une situation humainement complexe. S'il est relativement aisé de renouer du lien et de créer du partage à des échelles locales entre personnes volontaires et convaincues, il en va tout autrement lorsqu'il s'agit de vaincre le pragmatisme du béotien peu enclin à échanger ses euros contre des bouts de papiers estampillés monnaie alternative.
Une douce révolte est donc un film plein de bonne volonté qui œuvre à son niveau au laborieux et nécessaire changement global de mentalité. Le constat est annoncé, rabâché à l'envi, l'avenir sera décroissant ou ne sera pas !
Au delà de la forme légère, le film, en refusant d'entrée de jeu une portée de la lutte politique « active », induit une idée qui dérange: il n'est point d'antagoniste que nous-même, si le problème est global, la solution se doit d'être en chacun de nous. Voilà le constat tout personnel du réalisateur qui, il y a quinze ans, filmait dans En vie ! les actions de différents groupes de résistance. Aux discours alarmistes, accusateurs et globalement désespérants, Manuel Poutte prend le pli inverse et balaie toute dualité pour se baigner dans une bien-pensante bohème.
Un peu maladroit dans la construction, parfois bancal dans le cadre ou léger dans le montage, le propos, lui, tient le film sur sa durée et c'est bien d'avantage la somme de ces rencontres et de ces aspirations qui forment quelque chose de spontané et de sensible plus qu'intellectuel et militant.