Comme des fragments de souvenirs bruts, le passé surgit par bribes. À travers une photographie, sa première photographie, son premier portrait, la réalisatrice interroge son histoire et nous raconte comment ce lien avec sa mère est né, comment, sans sa présence physique, la photo était impossible à réaliser. La voix-je étale les heurts et malheurs de la relation avec sa mère. Des portraits en noir et blanc se mélangent aux images du présent. Des photos d’elle, des vidéos du quotidien de sa mère, autant d’autoportraits en cinéma qui reviennent sur leurs rapports difficiles.
Marzena Sowa accorde les images fixes aux images en mouvement, comme une rencontre de deux médiums dont l’un est l’origine de l’autre, comme cet attachement, cette filiation mère-fille. La réalisatrice compose son film comme une partition dans laquelle l’intermédialité est au centre de sa réflexion. Elle revient progressivement sur des souvenirs marquants, sur l’impossibilité d’avoir une relation harmonieuse avec sa mère. Un dialogue désaccordé entre deux femmes qui attendent l’autre sans jamais la rencontrer. Marzena Sowa ne cesse de convoquer et de citer une image-mémoire. L’essai qu’entreprend la réalisatrice est une tentative de deuil, de comprendre ce qui n’a pas été dit et pourquoi. Un dispositif simple, comme des cartes postales sonores, comme un roman photographique du passé.