Ce numéro 80 est consacré à vingt films, de A à Z, de AI. Intelligence artificielle de Spielberg à Zefira Tornas de Jonas Mekas. Epinglons seulement Wolff von Amerongen a-t-il commis une faillite frauduleuse ? de Gerhard Benedikt Friedl par Christa Blümlinger.
Sauf dans Trafic, tout un pan du cinéma allemand reste peu (voire pas) connu en France : Alexander Kluge ou Harun Farocki par exemple. Trafic nous parle de l'unique film de Friedl réalisé en 2004, et consacré au capital financier, une sorte de non chronique des grandes fortunes industrielles de l'économie allemande. Friedl nous montre des lieux de passages et de contrôle des flux, de transits, d'échangeurs, de gares, d'aéroports, de lieux de consommations. Le flux du commerce qui a bâti une Europe avec certains délits économiques. « Wolff von Amerongen fait ses profits sur les actions de juifs expropriés. Il fonde des sociétés boîtes à lettres à Genève et Monaco. Vers 1995, la Deutsche Bank demande à un Otto Wolff von Amerongen vieillissant de trouver un successeur. »
En peu de mots, beaucoup est dit, souligne Christa Blümlinger qui ajoute plus loin que « la surabondance événementielle du monde contemporain est le corrélat de l'échange monétaire ».
Le film comporte cent vingt plans qui ressemblent à certains films d'avant-garde. Mort en 2009 à quarante et un an, Gerhard Benedikt Friedl a mis en images, «Das Kapital in Europa». Découvrir ce genre de films inclassables est ce qui nous passionne en lisant Trafic, qui signale que le film sera montré au centre Pompidou le 29 janvier à 19 heures dans le cycle « Trafic 20 ans-20 films ».
« Trafic veut retrouver, retracer, voire inventer les chemins qui permettent de mieux savoir, dès aujourd'hui, « comment vivre avec les images ». La revue est ouverte à tous ceux qui ont l'image comme première passion, le cinéma dans leur langage culturel, et l'écriture comme seconde passion ». ( Serge Daney)
Le mois prochain, nous parlerons du dossier de 6 textes du numéro 79 : Que reste-t-il du cinéma ?
Trafic 80, 20 ans, édité par P.O.L., Paul Otchakovsky-Laurens.