Contemplant une vue connue de tous surplombant la ville, Nasser est assis et observe attentivement le ciel. De manière disruptive, des météorites viennent perturber ce calme apparent. Le jeune livreur sort son téléphone sous les cris stridents d’une alarme qui résonne partout. De cette atmosphère très marquée science-fiction et cinéma, le film bascule dans la site com et la série B en nous montrant un monde publicitaire à l’esthétique du « mal fait » obéissant aux injonctions libérales et voraces : ambition, satisfaction client et rapidité. Ce petit intermède publicitaire sert finalement de prétexte au réalisateur pour aborder des thèmes plus profonds comme la précarisation des jeunes, l’ubérisation du travail. Mais cet univers artificiel est percuté par l’univers fantastique que le réalisateur met en place progressivement. L’atmosphère mystérieuse, la dé-saturation de l’image, et les changements progressifs de la posture physique, des regards et du jeu des protagonistes font entrer le public dans les codes des films d’horreur et font régner l’idée de la disparition progressive de la singularité de chacun au profit du « même », de la disparition des interactions sociales au profit du capital.
Un nouveau film qui parvient parfaitement à jouer sur les héritages du cinéma au sens le plus large, faisant parfaitement cohabiter la dimension sociale à celle plus populaire du cinéma de genre.