"Ils ont gagné une bataille, pas la guerre", "tu me protèges ou tu m’espionnes", il ne s’agit pas de pas trahir, mais d’informer".
C’est au cœur d’un palace de Genève envahi au printemps 2015 par une effervescence de chuchotements, de discussions secrètes en "backchannel", de stratagèmes et de soupçons de pièges, de lignes sécurisées et d’une ambiance où tous s’épient, s’évaluent et tentent de deviner les intentions des uns et des autres, que plonge l’intrigue dans le sillage d’Alexandra Weiss (la Belge Veerle Baetens), responsable du protocole de l’hôte suisse pour le dernier round de négociations cruciales sur le programme nucléaire iranien.
Embrassant deux journées par épisode, le scénario fait s’entrecroiser très habilement plusieurs personnages principaux hyper crédibles et très bien caractérisés (avec chacun leurs missions, leurs ambitions et leurs problématiques personnelles) : la sous-secrétaire américaine Cindy Cohen (Juliet Stevenson), son compatriote Andrew Porter (Sam Crane) représentant du Trésor et favorable aux sanctions plus qu’à la résolution des conflits, le ministre iranien réformateur Mohsen Mahdavi (Anthony Azizi), son inquiétant garde-chiourme Ali Katibi (Alexander Behrang Keshtkar) mandaté par les Gardiens de la Révolution pour maintenir les négociations dans un couloir rigide, et la déléguée de l’Union européenne Margaret Davies (Fenella Woolgar).
Ajoutez à ce cocktail cosmopolite, le Russe Markov, le Chinois Zou, la presse aux aguets, des services secrets, des lobbystes intrusifs et des scientifiques (dont Payam Sanjabi - Arash Marandi – sorti pour l’occasion de la prison où il croupissait depuis trois ans afin de remplacer un collègue éliminé par le Mossad, et qui à l’évidence connait intimement Alexandra), et vous avez là tous les ingrédients d’une série captivante, intelligente, excellement interprétée et parfaitement rythmée dans la maîtrise du narratif émotionnel et dans l’observation très fine en huis-clos (et dans un luxueux décorum) des us et coutumes très codifiés de la tribu des diplomates jouant une partie d’échecs aux résonances mondiales.
The Deal a été produit par la société suisse Bande à Part Films et par les sociétés françaises Les Films Pelléas et de Gaumont Télévision (qui pilote les ventes internationales), et coproduit par Arte France, Bidibul Production (Luxembourg), RTS (Suisse), Versus Production (Belgique) et de Inver Tax Shelter (Belgique).
Fabien Lemercier