Cinergie : Comment vous est venue l'idée de ce film ?
Vincent Bal : J’avais envie de faire un film avec des chansons. Peter Bouckaert, le producteur, m'a demandé un jour quel film je voulais encore faire, et je lui ai répondu : Une comédie musicale. J'avais déjà en tête quelques chansons que j'aimais bien, et je lui ai fait un petit CD. Après l'avoir écouté, il m'a dit avoir entendu un film. Donc, on s'est mis à l'écriture. C'est Pierre De Clercq, le scénariste, qui a eu l'idée de faire ça avec des harmonies et, petit à petit, l'histoire s'est construite.
C. : Donc, en fait, c'est un de vos premiers films qui ne sera pas pour enfants ?
V. B. : Oui, c'est vrai. C’est une comédie musicale romantique qui touche les plus de 12 ans...
C. : Romantique, mais linguistique aussi ?
V. B. : En effet, mais on est en Belgique !
Attention, on ne veut vraiment pas faire un film politique. Il est préférable (et plus juste) de parler de tribus et de familles, parce que même dans les tribus flamandes, il y a différentes petites tribus, et je trouve ça plus intéressant.
C. : Quelle est l'histoire du film ?
V. B. : C’est l’histoire de deux harmonies, une wallonne et une flamande, qui se retrouvent toutes les deux dans une grande finale européenne. Les Flamands ont perdu leur soliste dans les présélections belges parce qu'il est mort sur scène et ils se retrouvent en finale sans soliste. Ils vont demander au soliste wallon de venir chez eux. Celui-ci est en dispute avec son frère, le chef d’orchestre, parce qu'il ne veut pas jouer la pièce qu'il a écrite. Il accepte d'aller chez les Flamands où il rencontre Helke, la fille du chef d’orchestre flamand.
C. : Vous parlez d’harmonie et non pas de fanfare ?
V. B. : Il y a une grande différence entre les deux ! Dans une fanfare, ce ne sont que des cuivres tandis que dans une harmonie, il y a aussi des hautbois et d'autres instruments de la famille des bois et percussions. Dans une harmonie, on trouve tous les âges et toutes les professions. Toutes les musiques ont été préenregistrées. Les acteurs sont de vrais musiciens, mais ils jouent en play-back pour ne pas devoir faire attention à la justesse du jeu musical.
C. : Ce sont des chansons populaires. C'est une comédie populaire ?
V. B. : Oui, certains disent que ce sont des chansons ringardes, mais moi je les trouve fortes. Il y a dix ans, Lucas Van Den Eynde avait mis en scène un spectacle qui s'appelait Jukebox 2000, avec Tine Embrecht et Nele Bauwens. C'était très émouvant et très puissant.
C. : Comment s'est faite l'écriture du scénario ?
V. B. : Pierre De Clercq et moi avons inventé l'histoire. On s'est vu, on parlait, et c'est lui qui écrivait. C'est une façon de travailler que j'aime énormément parce que je n'aime pas tellement être derrière mon ordinateur. En parlant, les personnages prennent forme. Ce n'était pas facile pour Pierre d'écrire une comédie musicale parce qu'on ne voulait pas que les chansons arrêtent l'histoire. L'histoire continue à travers les chansons, et il fallait adapter le texte pour que tout colle.
C. : C'est une coproduction des deux côtés de la frontière, cela va de soi. Est-ce que ça a été difficile de convaincre les deux Communautés ?
V. B. : Ça a pris un peu de temps, mais c'est normal. Il a fallu convaincre la Commission de sélection francophone qui pensait que c'était un film un peu léger. Du côté de la Communauté flamande, ça a été assez facile mais c’est aussi parce que les gens me connaissent un peu mieux.
1 Le film est libre d'accès http://www.dailymotion.com/video/xwqg1_bloody-olive-1996_shortfilms. 10 minutes de bonheur !