Grande habituée des rôles torturés dans des drames et des films d’auteur, Daphné Patakia s’essaie cette fois à la comédie avec un rôle en or, sorte d’Amélie Poulain sous Xanax, et rend son personnage immédiatement irrésistible. Obsessionnelle, maniaque de l’ordre, bourrée de TOCs et souvent bizarre, Mimi se définit comme « coincée à l’intérieur d’elle-même parce qu’elle a peur de la vie » et « en très mauvaise compagnie avec elle-même ». Malgré ses troubles mentaux, Mimi est un personnage lumineux, optimiste, volontaire (et aussi très drôle), qui n’accepte jamais qu’on lui dise non. Son enthousiasme va avoir une influence salvatrice sur Paul, un homme au cœur brisé, qui vit désormais en robe de chambre. Le duo mal assorti Patakia – Poelvoorde fonctionne à merveille: la grande angoissée aussi mal à l’aise dans son propre corps qu’au sein de la société, mais qui persiste à croire à l’amour, et l’éternel dépressif cynique qui ne croit plus à rien…
Si certaines scènes de pure comédie (l’entretien d’embauche face à Agnès Jaoui) sont hilarantes et si plusieurs réparties font mouche, on regrettera une réalisation que l’on qualifiera de télévisuelle (avec un score fort téléfilmesque), qui n’éloigne que trop rarement Sur la branche des rives de la comédie formatée actuelle. Et puis… Marie Garel-Weiss (qui signe son second long métrage après La Fête est finie et qui avait déjà croisé la route de Poelvoorde lorsqu’elle avait signé le scénario d’Atomik Circus) surprend par les chemins détournés que prend son récit quand Mimi décide d’arrêter de prendre ses médicaments.
Ainsi, lors d’un dernier acte bien plus émouvant que prévu, l’enquête judiciaire et les problèmes professionnels de Paul sont quasiment balayés du film, la réalisatrice préférant se consacrer exclusivement à l’évolution mentale de Mimi et à la manière dont l’intégrité sans faille de la jeune femme va se heurter violemment au monde cruel des (autres) adultes. Cette dernière partie douce-amère culmine avec une très jolie scène finale, d’une grande poésie, qui rachète en partie les limites de ce petit film fort imparfait, mais réellement attachant, et qui démontre une nouvelle fois l’étendue du talent de la formidable Daphné Patakia.