Il y a d’abord cette étrange tâche noire qui apparait, puis grossit dans la nuque du père. Et puis il y a cette babiole qu’Evert découvre et qu’il n’avait jamais vue dans la maison: une mystérieuse statuette roumaine représentant une femme avec un trou à la place du visage. Bientôt, Evert est possédé lui aussi par ce mal inconnu.
Tout en ambiance mortifère, ce court métrage de 21 minutes codirigé par le réalisateur de Muil prend un postulat de départ classique à la « Body Snatchers » pour aborder la question du deuil et de l’apathie par la métaphore. Ce laisser-aller qui tourne au cancer est-il contagieux? Est-il possible de le combattre? Ou est-il déjà trop tard?
En montrant l’apathie, la nostalgie et le repli sur soi comme des maux qui se propagent rapidement, faisant des hommes des esclaves qui abandonnent leur libre arbitre, les coréalisateurs signent un constat universel et très actuel. Développé en long métrage, Souvenir donnerait, à n’en point douter, un film fantastique mémorable et dans l’air du temps, dans la lignée atmosphérique et thématique des films envoûtants que Peter Weir signait dans les années 70.