Si la médiatisation de Thunberg les a inspirées, c’est sur un autre de leur modèle que le réalisateur a choisi de se concentrer, tissant des parallèles entre leur combat et celui d’une américaine extraordinaire, Julia Butterfly, qui, il y a 25 ans, au nord de San Francisco, a vécu 738 jours au sommet d’un majestueux séquoia millénaire, surnommé « Luna », afin de sauver l’arbre et la forêt environnante de l’abattage. « Les hommes construisent des gratte-ciel pour se rapprocher de Dieu, mais Dieu est partout dans les arbres et les océans », explique-t-elle. Pour elle, une forêt de séquoias est un lieu sacré où elle ressent la présence d’une force supérieure. Pas question qu’elle disparaisse ! Intimidée par la compagnie forestière, agressée par le vent, la grêle et les orages, Julia a pourtant tenu bon et, au bout de deux ans, a réussi à sauver « Luna » et trois hectares de forêt. La leçon de cette victoire historique est une que ses « petites sœurs » appliquent dans leur vie quotidienne : « Pour sortir de la crise climatique, il faut sortir de sa zone de confort, se dépasser ».
À l'époque, toutefois, l’exploit de Julia avait été décrit par les médias comme « une anecdote mignonne » : la « tree-hugger » foldingue en haut de son arbre !... Les différentes intervenantes expliquent ainsi à quel point il leur est difficile - encore aujourd’hui - d’être prises au sérieux. Entre les insultes sexistes et/ou racistes, les attaques idéologiques et la condescendance insultante de certains gouvernements, elles ont dû apprendre à anticiper des oppositions très violentes. Mitzi explique, par exemple, qu’aux Philippines, le mot « activiste » est synonyme de « terroriste ». Leah, quant à elle, rappelle qu’en Ouganda, tout rassemblement sur la voie publique est interdit et passible de prison.
Narré par Cécile De France, Sœurs de Combat raconte l'itinéraire personnel de ces femmes qui, fortes de leur jeunesse, sont unies dans l’adversité, contre une ignorance et une mauvaise foi souvent incompréhensibles et injustes, chacune à sa façon, chacune portée par une énergie et une détermination capables de soulever des montagnes, avec sa force, son intelligence, ses doutes, ses questionnements, voire sa naïveté, dans le seul but de créer un monde plus juste, plus égalitaire et plus solidaire. Le film convainc nettement moins lorsqu’il expose des arguments comme quoi la gent masculine serait moins disposée à s’engager dans la cause écologique que ses consœurs. C’est une œuvre dont ressort toutefois un sentiment d’espérance, de gratitude envers ces « héroïnes ordinaires » dont les efforts et les sacrifices, ajoutés l’un à l’autre, pourraient bientôt faire toute la différence.