Alors que le loup rôde et crée des dégâts considérables et coûteux, la caméra nous positionne au plus près des moutons. Les gros plans sur leurs gueules et leurs yeux ainsi que l'importance sonore de leurs souffles crée une forme de subjectivation du regard, d'identification qui participent à notre empathie envers eux. Ainsi la magnifique scène de la mise-bas, condensé de beauté et d'émotions.
Pour parvenir à cette forme un peu abstraite, le rôle de la musique est primordial. Composée de rythmes à la batterie, elle alterne les tambours et les cymbales en créant une narration en soi, passant du suspense à une forme d'inquiétude mais aussi de beaucoup d'humour. L'introduction du film est à ce titre remarquable de précision dans la cadence et le tempo. Au diapason, le montage est précis, réglé comme une mécanique où les gestes, les déplacements de bêtes s'organisent en un ballet singulier. De l'enclos aux prés de pâturage, du transport au concours locaux, l'enchaînement des plans crée une tension constante et un climat parfois étrange qui donne à ce film particulier sa tonalité unique.