Une de ses collègues arrive, puis disparaît derrière une porte, la laissant à nouveau seule avec le client. Soulagement, puis à nouveau tension. L'homme paie et s'en va. Soulagement encore. Mais revient quelques minutes plus tard. Et ainsi de suite. Sur l'écran, effectivement, rien d'autre ne se passe qu'un échange serveuse/client des plus banal. Mais tout se joue dans l'implicite : les regards échangés ou fuyants, les gestes, les attitudes des corps…. En silence.
Toute la démarche cinématographique consiste ici à mettre cet implicite en valeur : montage syncopé, plans serrés, lumières qui sculptent les visages. Des plans plus larges (ouvertures vers la rue, le jardin), des lumières plus douces marquent les moments de relâchement. C'est tout ce travail sur les (fausses) apparences, l'angoisse qu'on génère à partir de presque rien et la maîtrise avec laquelle les réalisateurs manipulent les émotions qui, malgré son absence d'histoire et son côté un peu trop démonstratif, fait de Santos Palace une belle réussite. Ou tout du moins une brillante carte de visite.