Tout ou ne rien voir
La rencontre que François Hien, le jeune réalisateur de ce film, nous conte, se déroule en Auvergne, à Saint-Marcel, dans un décor bucolique, une ancienne villa de campagne entourée d'étangs et de parcs où vivent deux femmes exceptionnelles.
François a connu Bakarné (qui veut dire en basque la fille de la solitude), et son amie Odile par Laurent, un ami musicien, proche de Bakarné, cette accordéoniste virtuose et actrice envoûtante malgré (ou grâce à) sa cécité.
Après quelques jours dans la maison de Saint-Marcel, François se retrouve dans une situation paradoxale, oppressante, et dans laquelle il se sent piégé, manipulé et pour finir, camera non grata.
Mais François s'est fait roulé. Son sujet, lisse au départ malgré la rudesse de l'événement, prend une tournure cauchemardesque.
Alors se pose à lui la question; arrêter de filmer ou filmer l'apparence tronquée, déformée, à l'image du kaléidoscope que Bakarné lui a offert au début du tournage ?
Sacré bout de bonne femme, capable de dire tout et son contraire en trois mots, déroutante, inquiétante et fascinante !
François Hien opte pour la seconde solution, et met en images son inquiétude, son questionnement, son incompréhension de ce mensonge jamais clairement reconnu. Et ce film baigne dans les limbes de l'être et du paraître, en accord avec l'esprit de ses deux femmes qui ne lèvent jamais le voile posé sur leur secret. Il laisse le spectateur former sa propre opinion sans jugement moral ou philosophique de sa part.
François Hien reconnaît qu'il existe dans sa courte vie un avant et un après Saint-Marcel. Etre ou ne pas être, avoir été et ne plus être.