Repoussée une fois de plus, cette dernière commet l'irréparable et tue Joe. Elle conserve le cadavre et projette sur lui ses fantasmes de vie de couple, ce qui ne va pas sans inconvénients pour les voisins (l'odeur). Et puis Lara ne s'est pas aperçue que, dans l'ombre, un autre "monstre" l'aime tendrement.
La poésie noire de Delicatessen rencontre l'humour agressif du professeur Choron: un univers d'une noirceur extrême, des personnages sordides, des rapports sociaux réduits à leur plus simple expression, le tout décapé à l'humour sarcastique, mordant comme de l'acide de batterie. Une manière abrasivement originale de parler de sujets sensibles: la solitude, l'incommunicabilité, le manque d'amour et ses conséquences. Et le réalisateur réussit l'impossible pari de faire un film qui accroche et qui touche au départ de ces ingrédients. Décors, gueules, lumières, cadrages, focales: il organise de manière quasi symphonique les éléments d'un univers fantasmatique d'une cohérence absolue, tout entier au service de son histoire et de ses personnages. Notons également, pour l'anecdote, le plaisir que l'on a à croiser quelques personnages bien connus des Bruxellois, comme le duo formé par Pingouin et Noël Godin.