"Et moi, la mère de cette petiote, l'ai-je bien préparée à grandir ? Lui ai-je donné les outils nécessaires pour qu'elle puisse franchir aisément cette transition ?" Petite filles est la façon dont une maman aborde ces questions pour sa fille. Et y a-t-il meilleur remède à l'inquiétude que le débat ?
Marie-Hélène Massin accompagne sa fille tout au long de ce passage vers l'adolescence avec sa caméra c'est-à-dire son outil d'expression. C'est un film d'une mère pour sa fille, où, curieusement, sont exclus le père et le frère aîné.
"Je dois m'habituer à tout cela ", dit en off Marie-Hélène Massin et ses mots suivent la première séquence où la réalisatrice apparaît, armée d'une énorme paire de ciseaux de jardinier, taillant les haies de son jardin, tout en conversant avec Charlotte de son ennui durant ces deux mois de vacances de transition.
Lui succède le plan où Charlotte joue avec ces mêmes ciseaux, comme on manipule machinalement un objet quelconque pour mieux exprimer un sentiment. Lorsque les mains sont occupées, les mots sortent plus facilement.
Nous avons l'occasion de palper le désarroi de chacune des filles tout au long de ce film. L'une voudrait qu'on lui rende ses dents pour ne plus être défigurée par son appareil dentaire, l'autre aurait sans doute voulu partager ce moment important pour elle avec ses grands-parents du Ghana.
Ces manifestations délicatement exprimées, où l'on capte une moue triste, un regard au loin ou un mordillement de lèvres nous plongent dans leur monde rempli d'incertitudes.
La réalisatrice accompagne ses personnages au rythme de leurs réflexions intimes.