Le goût de la peinture Son désir d'adolescente était de devenir peintre comme Turner dont les paysages et les ciels la fascinaient. Mais ce fut aussi la hauteur de cette ambition qui lui fit renoncer à cette vocation. Il y a chez Marion un sens très sûr de la place qu'elle pourrait occuper par la création. Et cela se vérifie, par la suite, lorsqu'elle devient comédienne au théâtre et au cinéma. Lorsqu'elle abandonne la scène, après avoir joué une dizaine de rôles, ce sera par lucidité, pour écrire un premier long-métrage de fiction.
Filiation
Le père de Marion travaillait à Anvers pour une société de dragage et de construction des ports. Le goût des bateaux, des voyages et des ports semble donc un héritage paternel. Les premiers souvenirs de la cinéaste – elle est au gouvernail d'un bateau aux côtés de ses parents - éclairent la plupart de ses films : Le Lit ( 1982), Noir Océan (2010), En amont du fleuve. Les écrivains Caroline D'Hondt décrit bien l'alchimie à l’œuvre dans le cinéma de Marion. Celle-ci part le plus souvent d'un livre pour en tirer son scénario. C'est ainsi qu'elle a adapté l’œuvre de Dominique Rolin (Le Lit), collaboré avec Hubert Mingarelli pour deux de ses films, ...
Ayant trouvé son sujet, elle cherche ensuite un lieu de tournage et y part seule en repérages parfois pendant plusieurs semaines, raconte Didier Fraiteur, son chef opérateur. Elle réalise ensuite le découpage du film, en dessine les personnages dont elle interprète chacun des rôles. Cette extrême précision est également notée dans le traitement du son, témoigne Henri Morelle. Cela explique qu'au tournage, il y ait peu de plans répétés, selon les dires des deux monteuses qui depuis des années travaillent en complicité avec Marion : Susana Rossberg et Michèle Hubinon.
Une leçon de cinéma
Il s'agit pour le spectateur d'une véritable leçon de cinéma, étayée par des extraits de films pertinents et précis. Deux amis de Marion Hänsel, le romancier et juriste, Alain Berenboom et le producteur Eric Van Beuren expliquent le contexte dans lequel celle-ci est devenue la productrice de ses propres films, en assurant même la production exécutive. C'est pour conserver liberté et indépendance que la cinéaste a pris la décision de fonder sa propre maison de production Man's film.
Le désert, les migrants aujourd'hui
Les déserts ont toujours attiré la cinéaste. Elle y a tourné plusieurs de ses films dont Dust (1984). Caroline D'Hondt la ramène aujourd'hui sur les lieux du tournage de Si le vent soulève les sables. L'acteur qui interprète le rôle principal du film, Issaka Sawadogo, raconte les circonstances : la sécheresse, la guerre civile. Il en garde des séquelles, dit-il. Et il évoque les migrants croisés sur les routes qui, partis de Djibouti, essaient de gagner le Yémen. Il conclut : « Pour moi, un migrant est quelqu'un qu'il faut honorer plutôt que craindre, respecter aussi. »
Le film de Caroline D'Hont se veut aussi un outil pédagogique. La qualité de son récit et de ses images suscitera sans doute le goût chez les adolescents d'un cinéma sans concession, ouvert sur le monde. Ce film est le huitième titre de la collection Cinéastes d'aujourd'hui initiée par la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles.