Cinergie : Quelle a été votre réaction lorsque Eric-Emmanuel vous a proposé le rôle de la dame rose ?
Michèle Laroque : J’ai reçu cette proposition comme un cadeau. Le livre m’avait émue, et j’ai considéré que c’était une chance énorme de pouvoir interpréter ce rôle dans une histoire profonde et très belle.
C. : Vous aviez déjà lu le livre. Votre idée du personnage était préconçue.
M.L. :Evidemment, mais c’est avant tout l’histoire d’Oscar qui importe. Et puis, je savais que la dame rose du livre ne serait pas la même dans le film puisqu’elle n’a pas l’âge que j’ai. Certaines choses ont été transformées pour qu’elle devienne une femme qui a une vie complète en dehors de l’hôpital. Ce que je trouve très riche, c’est que dans le film, elle évolue : c’est une écorchée vive qui se découvre en s’occupant d’Oscar. Il lui apprend à vivre, et lorsqu’il part, on a le sentiment qu’il vit à travers elle. C’est plein d’espoir, et je trouve ça très important pour le spectateur.
C. : Votre personnage n’est donc pas celui que vous aviez lu et que vous aviez imaginé. Comment avez-vous fait pour préparer le rôle ? Y a-t-il eu des répétitions, des préparations spécifiques ?
M. L. : Il y a eu quelques répétitions avec Eric-Emmanuel, mais on a surtout beaucoup parlé. Je lui proposais des choses, et il me donnait des indications très précises sur la manière de jouer et sur les messages qu’il voulait faire passer. Les répétitions ont eu lieu une semaine avant le tournage, on s’est mis d’accord sur ce qu’il fallait faire passer dans certaines scènes, mais il n’y avait pas besoin de travailler beaucoup parce que la situation est très forte. Amir Ben Abdelmoumen, qui joue le rôle d’Oscar, est magique. Il déclenche toutes les émotions qu’on a envie de trouver, donc c’est très facile de jouer.
C. : Comment se passe le tournage avec Eric-Emmanuel Schmitt ? C’est quelqu’un qui débute dans la réalisation, mais qui a déjà une grande expérience dans la direction d’acteurs avec le théâtre.
M.L. : Il sait exactement ce qu’il veut. Il est très calme, parce qu’il n’a rien à prouver. Il n’y a donc pas de rapports de force. Il met en confiance et il est très à l’écoute. C’est quelqu’un d’extrêmement précis dans ses choix et c’est très sécurisant, ça donne beaucoup de confiance. Ce qui peut paralyser parfois lorsqu’on tourne, c’est le doute. Les doutes d’un metteur en scène, c’est un réel cauchemar ! Douter de soi aussi… Avec Eric-Emmanuel, c’est le rêve absolu parce qu’il supprime ces doutes, et cela donne tous ses moyens à l’acteur. C’est un pur bonheur.