Qui n’a jamais rêvé de partir à l’aventure, sac au dos, vieilles gamelles et feu de camp ? Insouciant, les cheveux au vent. Couper le cordon avec la mère couveuse, avec le père malade, oublier les histoires d’amour chaotiques, quitter la terre de son enfance. Repartir à zéro en laissant ses vieux démons. Fuir. Loin. C’est l’idée de Simon et de Julien, deux amis d’enfance a priori très différents, mais hantés par ce même vieux rêve d'adolescent.
À trente ans, Simon quitte son boulot en ville et sa petite amie pour retourner dans son village natal où l’attendent ses parents retraités et son vieil ami Julien qui s’occupe de son père convalescent. Sans argent, sans travail, les deux amis décident, sur un coup de tête et contre l’avis de leurs pairs, d’acheter un camping-car, avec leurs économies, et d’arpenter les routes. Une panne retarde leur projet d’escapade. Qu’à cela ne tienne, ils font du surplace le temps de trouver du travail pour réparer leur engin. Sauf que cette première halte dure une éternité. Du temps pour réfléchir, pour faire des rencontres, pour se recentrer. Where is my mind ? La fuite n’est peut-être pas la solution escomptée…
Comme on l'apprend de François Pirot dans le making of, tout est parti d’une anecdote personnelle : après une soirée bien arrosée, il est parti avec trois copains pour retarder l’entrée dans la vie active tant redoutée. Sauf qu’ils sont revenus pour affronter la réalité. Le réalisateur emmène donc Arthur Dupont et Guillaume Gouix sur la route, celle des road movies, celle des quêtes identitaires, celle des voyages vers la connaissance. Avancer, avancer, sans se retourner. Un peu comme Bouli Lanners dans Eldorado (2008) où Yvan et Elie tentent d’emprunter la bonne voie. Un peu comme la Christina de Pierre Duculot dans Au Cul du Loup (2011) qui plaque tout pour mieux recommencer. Un peu comme..., mais pas tout à fait. François Pirot se réapproprie le genre d’une manière originale. Ses personnages n’avancent pas : ils stagnent pour mieux progresser. Mobile Home immobile donc. Personnage à part entière autour duquel gravitent tous les autres.
Pas d’image idyllique de notre plat pays ni de musique envoûtante comme dans Eldorado, mais des répliques bien balancées, des scènes burlesques et des personnages authentiques. Les deux protagonistes, amis dans la vie, rendent cette aventure plus vraie que nature. Jean-Paul Bonnaire, lui, incarne un père attachant qui ponctue le film de scènes émouvantes et drôles. François Pirot aborde donc, de manière originale, un vrai sujet d’actualité propre à cette génération de jeunes trentenaires pour qui tout est encore possible. Il suffit d’oser prendre le temps de s’arrêter en route…