Alors que son père le tance pour qu’il apprenne à parler, et ce grâce à ses appareils auditifs, sa mère l’ayant abandonné à sa naissance ne sait même pas communiquer en langue des signes. Le film questionne aussi nos rapports à la parentalité, à ses chaînes réelles ou imaginaires qu’un enfant subit puis rompt pour affronter le monde. Va-t-il réussir à se mettre en rapport avec celui-ci ? Va-t-il pouvoir survivre à son milieu fielleux ? Peut-il appartenir à ce monde où il suscite brimade sur brimade, rejet sur rejet ?
Tout au long du film, Milano profite de la présence de Renée dans sa vie, une riche huissière de justice insatisfaite de son métier, et issue d’un quartier aux antipodes du sien. Il fuit chez elle à chaque fois que son père s’absente et y jouit d’une vie insouciante en se prélassant au soleil. À travers le regard de Milano, le long métrage fait tomber nos a priori sur les classes sociales pour nous confronter à une vision épurée de ce qu’une société bienveillante devrait être. Il semble aussi faire office de clin d’œil au roman On m’appelle Demon Copperfield, prix Pultizer de l’année 2023, où le héros à la mère toxicomane défunte s’adonne à des actes turbulents et doit survivre dans une communauté rongée par les drogues. Nous y retrouvons la même naïveté, la même bravoure, le même acharnement chez le protagoniste qui nous permet de passer outre tout déterminisme social, ou tout du moins de le déconstruire, et de nous faire rêver d’un monde où notre tendresse enfantine et notre capacité illimitée à aimer resteraient ancrées quelque part en nous. Les images champêtres estivales et automnales ajoutent en outre une tranquillité bienvenue au film tantôt larmoyant, tantôt haletant et vous feront peut-être découvrir des facettes inexplorées de la campagne jouxtant notre belle capitale.