Comment grandir sous le toit d’un modèle maternel irresponsable ? Certes, Rebecca souhaite le bonheur de sa fille, mais, à 30 ans, elle n’est encore qu’une post-adolescente égocentrique et écervelée qui change de compagnon comme de chemise et qui ne réfléchit jamais aux conséquences de ses actes, préférant accuser les autres de ses malheurs. La réalisatrice belgo-américaine Bérangère McNeese (que nous connaissions surtout jusqu’ici en tant qu’actrice et qui signe son troisième court après Le Sommeil des Amazones, en 2015 et Les Corps Purs, en 2017) évoque avec justesse une problématique typique de notre époque marquée par une infantilisation généralisée : une mère immature qui élève sa fille pour avoir une amie. Anna a donc grandi sans la moindre discipline, traînant à sa guise après l’école. Comme les chiens ne font pas des chats, Anna, avec ses dreadlocks, ses shorts courts, son attitude badass et son franc parler à faire rougir une écrevisse, semble se diriger sur la même voie de garage. Mais une fois confrontée à sa grossesse,
trop consciente des lourdes conséquences de cette nouvelle inattendue, elle redevient une petite fille apeurée et comprend qu’elle va devoir très vite acquérir une maturité qui a toujours fait défaut à sa mère.
Portrait incisif d’une jeune fille laissée à elle-même tentant de retrouver le droit chemin, Matriochkas dévoile le talent de la prometteuse Héloïse Volle, aussi à l’aise dans le rôle d’une ado insolente au fort tempérament que dans celui d’une petite fille qui a bien du mal à dissimuler ses fêlures.