Avec Les yeux d’Olga, la réalisatrice Sarah Carlot Jaber (Un parfum de citron, La protagoniste) revient avec un court métrage espiègle et extrêmement bien ficelé, déjà diffusé dans de nombreux festivals. En détournant la mythologie du vampire pour transformer ce monstre mi-terrifiant mi-fascinant en femme âgée et aux abords acariâtres, la cinéaste nous fait nous questionner sur notre système et nos zones d’ombre. Et ce, tout en insufflant une bonne dose de féminisme revigorant et d’anti-âgisme délicieux à ce qui relève autant de la comédie noire que du film de genre criblé de références croustillantes. Ainsi, les images d’Épinal du vampire sortant de son cercueil, ou flottant dans les airs prennent ici une tournure exquise dans les couloirs d’une maison de repos lambda, injectant un fantastique gourmand dans ces lieux déshumanisés. Un vrai régal, sauf si l’on est un petit infirmier (finement incarné par Douglas Grauwels) qui commence à se douter de quelque chose.
Alors qu’il faut un peu de temps pour réussir à cerner son personnage, on ne peut que demander l’encore lorsque le rideau se baisse sur Vivian De Muynck, parfaite dans ce rôle de créature de la nuit bien plus complexe qu’il n’y paraît. Récompensée du prix d’interprétation féminine au festival Le Court en dit Long, son interprétation d’Olga est tantôt drôle, tantôt attendrissante, sans jamais se laisser embobiner. Un bonheur pour les amateurs du genre, et un univers que l'on aimerait découvrir plus en détails, aux côtés de cette reine de la nuit pleine de bagou et de talent.