C’est souvent à la mort de quelqu’un que l’on aborde son vivant, trop vite devenu passé. Le « il » remplace le « tu ». Dans le cas d’Inès, il s’agit de comprendre et de cultiver une relation qu’elle veut voir rester vivante. Selon elle, les objets (des photos, des notes, des outils, des accessoires, des plantes) ont un rôle d’intermédiaire entre les vivants et les morts. Inès s‘attache donc à les laisser se révéler, tout en réfléchissant sur les moyens spirituels personnels que l’on peut déployer pour que la vie perdure dans la mort. Un chemin de deuil qu’elle tente de définir d’une façon positive, aux côtés de ses enfants.
Au-delà d’une histoire familiale, commune et partagée, Inès s’en tient au récit personnel et intime de son père. Mieux le connaître c’est aussi, semble-t-il, mieux se connaître soi-même. C’est encore, dans une autre mesure, se rapprocher du point de vue de la personne disparue pour enfin se l’approprier.
À partir d’une sélection d’images envoûtantes, minutieusement montées ensemble, Inès Rabadán investit un lieu de paix, chargé de souvenirs, et qui reflète parfois sa propre intériorité. Elle propose un récit sensible et métaphorique, centré sur le discours intérieur et le ressenti personnel. Un choix varié de musiques nous guide dans son univers, dans ses pensées, où le désir de vie prédomine, sans cesse renouvelé, à la manière de ces fleurs que l’on cueille et qui repoussent, année après année.