Dès les premiers plans, le réalisateur pose le cadre dans une analogie qu’on aimerait considérer comme maladroite : cité, argent, drogue. Car dans la cité, Abou partage son petit business fait de deals qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Mais subtilement, il y intègre aussi la résolution, l’altérité qui est son échappatoire, la rencontre de l’amour qui lui permettra de dire non. Cette rencontre avec Clara, aussi brève qu’elle fut, lui fera emprunter une autre voie. Seulement, Abou est empêtré dans des histoires, celles de la rue, des règlements de compte, de la drogue, cette même cité qui le somme de réagir « comme un homme » face aux situations de la vie. Pas le temps pour les sentiments. C’est pourtant cette rencontre avec Clara, entre deux cultures, deux langues, deux milieux différents qui vont le pousser à arrêter.
Le réalisateur des Nouveaux Bourbons propose un regard bienveillant sur une cité au passé compliqué et violent, une bienveillance qui accompagne chaque plan dans lesquels Abou se bat contre le déterminisme qui entoure les jeunes de sa cité. La caméra traverse la cité et joue avec les clichés pour les retourner. Bien que la présence féminine semble inexistante, elle n’en demeure pas moins essentielle, puisque c’est Clara qui tend la main à Abou, envisageant un autre possible. L’esthétique directe de la caméra à l'épaule rend tout le réalisme de la violence de certains actes, mais c’est aussi l’esthétique de la liberté qui accompagne Abou à échapper au schéma de la rue sans retour possible.