La caméra complice de l'amie réalisatrice a su capter, avec tendresse et justesse, le sens, l'imaginaire, l'amour et la pudeur de la musicienne qui couve, dans sa gorge chaleureuse, les couleurs de la mer, la lumière et l'errance, thèmes chers à la poésie hellénique. Angélique Ionatos défie les lois du réel et du tangible pour créer beauté sonore et poésie. De son père marin, elle a pris le penchant pour la solitude, et de sa mère Terre, elle a voulu semer l'émotion à tous vents.
Sur des images diaphanes, où la mer et ses galets ne sont jamais loin, Litsa Boudalika dévoile les souvenirs d'enfance d'Angélique Ionatos, rescapés du grand sac noir de sa grand-mère qui lui fit apprécier la valeur sentimentale du futile, pince à cheveux, vieux dentier et autres épaves de la vie, qualité indispensable à l'artiste.
Les Iles se rejoignent sous la mer est une belle réalisation, au service d'une musicienne exceptionnelle, entremêlant réflexions recueillies au gré des rues de son existence, et prestations sur scène. L'ensemble est une page illustrée du journal intime d'une femme sensible, qui rappelle que la poésie chantée est une forme d'expression ancestrale et universelle. Les émotions, qu'elles soient rires ou larmes, émerveillements ou désarrois, sont toujours chantées, car il suffit d'avoir une âme et une voix pour les cristalliser.
Bien que le 7ème art soit plus complexe dans sa fabrication, le film de Litsa Boudalika possède cette fluidité du geste naturel, les traits du pinceau propre à la souplesse du poignet qui caractérise une authentique artiste.