Le film dépeint avec brio les inégalités sociales qui gangrènent Dakar. Binta, par exemple, méprise Malika vu son appartenance à une classe sociale plus basse. Les questions d’identité et de classe s’entremêlent; au cours de son voyage initiatique, Tania se retrouve confrontée à la brutalité et à l’exclusion que certains autochtones lui font subir, étant donné sa nationalité belge et ses coutumes d’une Europe nantie. Malika et bien d’autres locaux ne la considèrent pas comme « une vraie Africaine ». Le long métrage dénonce l’ostracisme des personnes en porte-à-faux, tiraillées entre deux cultures, jamais vraiment acceptées par l’une ou l’autre. La vendeuse d’oiseaux lui fait découvrir malgré tout la culture locale et lui dévoile l’authentique facette du Sénégal, ses danses de rue, son incroyable légèreté et sa rude férocité. Talia se libère d’une certaine timidité, de son altérité et laisse son lourd passé belge derrière elle. Une perspective féministe transparaît aussi en filigrane. Talia et Malika représentent des figures impétueuses de femmes libres et déterminées, des forces de la nature intrépides. Alors que le petit-ami de Talia en Belgique s’éloigne d’elle de jour en jour, elle devient de plus en plus déterminée à atteindre seule son but qu’elle finit par remplir.
Cette jolie fable raconte les bienfaits d’un voyage censé faire grandir, les leçons à en tirer et l’incroyable force à acquérir. Le film démontre la nécessité de renouer avec ses racines, de savoir d’où on vient pour mieux savoir où on va.