DVD-philes
Vous avez eu l’occasion d’aller aux Indes et vous n’êtes pas allés au cinéma. Drôle de mauvaise idée. Vous n’avez rien vu à Bollywood. J’ai tout vu à Bollywood. L’occasion d’entrer dans des salles comme il n’en existe plus en Belgique (Kinépolis est riquiqui). Vous êtes assis au milieu de plein de messieurs qui, après une heure de film, pleurent comme des madeleines devant une histoire qui vous stupéfie par ses passions enflammées et ses multiples chansons. Après deux heures, tout le monde va fumer sa clope à l’extérieur. C’est la mi-temps. Vous voilà repartis pour deux heures. Que faire ? Dormir ou pleurer comme tout le monde lorsque le héros est prêt à se sacrifier pour sauver la famille d’un attentat islamiste paki (si,si) ? Seulement voilà, le héros n’a pas que des chaussures Redskins, il est footballeur et possède un shot phénoménal qui lui permet d’envoyer d’un pied rapide la bombe au ciel. Frissons. La salle exulte. Bref, vous sortez abasourdi ou anéanti avec l’idée d’en essayer un autre en espérant qu’il soit encore plus fou.
Ne croyez pas que ce film soit tragique. Deepa Metha a réalisé un film qui ne fait pas que critiquer une tradition révolue, mais traite la situation avec un certain humour. Le tout étant accompagné d’une très belle musique.
Un film étonnant à la musique lancinante.
Le film le plus exceptionnel de Deepa Mehta tourné en 2000. Attaqué par les fondamentalistes hindous, le film a dû s’interrompre; les émeutiers n’hésitant pas à brûler les plateaux de production. Et pourquoi donc siouplait ? Parce qu’il nous parle de l’un des pires scandales dont l’Inde n’arrive pas à se débarrasser : la condition des veuves après le décès de leur mari. Victime d’une tradition ancestrale, Chuyla, jeune veuve, se retrouve après la perte de son mari, coincée jusqu’à sa mort dans une maison dans laquelle les veuves vivent en pénitence. Ces femmes parias, la tête rasée, mendient mais vont être ébranlées et se révolter grâce à la présence de Chuyla.
Deepa Mehta s’est inspirée d’une scène qu’elle a vécu à 10 ans en découvrant une veuve hindoue : « Pliée comme une crevette, le corps desséché par l’âge, les cheveux blancs rasés très courts, elle a détalé à quatre pattes, cherchant furieusement quelque chose qu’elle avait perdu sur les marches du Gange ».
Cinq ans plus tard, ce superbe film a été relancé et terminé au Sri Lanka dans le plus grand secret !
La trilogie des éléments : Fire, Earth, Water, de Deepa Mehta. 3 DVD édités par Cinéart et diffusés par Twin Peaks.