Pour tenter de sauver Martin, sa mère, Carole (Alexandra Lamy), simple professeur d’anglais, se lance dans un épuisant combat contre le puissant lobby industriel, mais se retrouve coincée dans un imbroglio diplomatique inextricable, se heurtant notamment à l’État français, qui, lui aussi, a des intérêts dans l’industrie de l’huile de palme. Le liquide étant destiné à remplacer prochainement le kérosène dans certains avions, différents groupes français n’entendent que le bruit du tiroir-caisse et des contrats juteux. Dans cette histoire, Martin n’est qu’un témoin gênant, un pion au centre d’un jeu politico-financier qui le dépasse. Un haut placé fait bien comprendre à Carole que ce n’est pas le moment pour le gouvernement français de se fâcher avec les Indonésiens. La France et ses diplomates courbent donc l’échine face à ce pays antidémocratique, surnommé « le pays des milices ». Quant au président indonésien, en campagne pour sa réélection, il ne peut pas se montrer faible, appliquant d’une main de fer sa politique de tolérance zéro à l’encontre des trafiquants de drogue, systématiquement condamnés à mort.
Après le succès d’Au Nom de la Terre en 2019, Edouard Bergeon, cinéaste engagé dans les causes écologistes et humanitaires, signe un second long métrage en forme de pamphlet. Il fait le portrait cauchemardesque d’un pays d’une beauté à couper le souffle, mais gangréné par l’avidité, une corruption généralisée et des violations répétées de l’état de droit au nom du Dieu « huile de palme », ce poison toxique et polluant que l’on retrouve dans nos aliments et que l’on surnomme d’ailleurs « le sang de l’Indonésie ». Quand les forêts sont ratiboisées, quand des crimes et des kidnappings sont commis, les affaires sont systématiquement étouffées, sans la moindre enquête, et des entreprises comme Palmyr peuvent agir en toute impunité pour s’enrichir et protéger les intérêts économiques de leur gouvernement.
Si le film nous propose un drame de prison à la trame classique, inspiré de fleurons du genre comme Midnight Express ou Bangkok Aller simple, dont il respecte les codes (procès perdu d’avance, témoins soudoyés, vie en prison inhumaine, héros de plus en plus désespéré, combat contre la montre pour le faire libérer…), il s’inscrit davantage dans la lignée des récents écothrillers (Dark Waters, Petit Paysan, Goliath, Les Algues vertes) qui dénoncent, documentation à l’appui, les crimes à grande échelle commis à l’encontre de notre planète au mépris de la vie humaine, animale et végétale. La Promesse verte pâtit certes d’un sentiment de déjà-vu (et d’une interprétation inégale), mais Bergeon illustre brillamment un des grands paradoxes de la bêtise humaine : l’homme blanc prend la forêt pour son supermarché, la détruit pour ses propres intérêts et, à la fin, meurt des conséquences de sa cupidité… À méditer.