Récemment, la Belgique a remporté, deux fois consécutives, le Grand Prix au Festival International du Film sur l’Art de Montréal : en 2010 (Claudio Pazienza pour Archipels Nitrate) et 2011 (Peter Krüger pour Anvers central)… Ce n’est pas un hasard : depuis Henri Storck, pionnier en la matière, les cinéastes belges n’ont pas cessé de défendre le genre et de témoigner de leur intérêt pour l’art et les artistes.
Cette année, la Belgique était particulièrement bien représentée puisque Françoise Wolff, réalisatrice et productrice bien connue, a pu faire entendre sa voix lors des délibérations du jury.
Deux films belges concouraient cette année en compétition, mais sont hélas, repartis sans récompense. Le premier, Reinhoud, mon sculpteur, sur le trop méconnu et pourtant fascinant sculpteur Reinhoud, décédé en 2007. Blaise D’Haese, son fils, filme un artiste et un père qu’il a le sentiment d’avoir manqué, liant étroitement vie intime et aventure artistique. Un film bouleversant qui, par son approche personnelle n’entre peut-être pas suffisamment dans les définitions du genre mais qui a ému aux larmes les spectateurs du Musée des Beaux-Arts. Le second, quant à lui, avançait joyeusement dans le désordre alphabétique du surréalisme belge, surréalisme toujours vivant aujourd’hui. Le cinéaste Claude François proposait un tour d’horizon de nombreux artistes un peu oubliés aujourd’hui, de Paul Nougé à Tom Gutt en passant par Marcel Marïen, Jacques Lacomblez, Louis Scutenaire ou Achille Chavée… le manque de notoriété internationale des artistes présentés aura-t-il joué à sa défaveur ? Probable… Remarquons que les surréalistes, même les plus connus, n’ont pas remporté de suffrage lors de ce dernier palmarès, le film Dali - Génie tragi-comique de François Lévy-Kuentz, repartant lui aussi sans cristal.
Côté hors compétition, le reportage sur Isabelle de Borchgrave nous contait l’aventure extraordinaire de ses larges feuilles de papier transformées en robes, chaussures, tentures et autres somptuosités sardanapalesques (Isabelle de Borchgrave – Cœur de papier). Celui de Thierry Loreau et Pierre Barré, nous plongeait au cœur de la société coréenne par le biais de la musique classique et des concours internationaux (Le mystère musical coréen). Rain d’Olivia Rochette, Gerard-Jan Claes qui a déjà eu une belle carrière en salle à Bruxelles, suivait les danseurs de l’opéra de Paris confrontés aux ruptures et saccades des corps de la chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker. Enfin, avec Jonas Mekas : I am not a filmmaker, Pierre-Paul Puljiz retraçait la carrière du père du cinéma indépendant new-yorkais dans un film poignant en forme de long interview.
Les réalisateurs et producteurs français se sont appropriés le phénomène littéraire national, Amélie Nothomb, en la suivant dans son voyage au Japon, pays de sa naissance qu’elle n’a pas vu depuis 15 ans (Amélie Nothomb, une vie entre deux eaux de Luca Chiari).
Au détour de quelques films, on aura pu également croiser Laurent Busine, le directeur du Grand Hornu, invité chez le sculpteur Giuseppe Penone et bien entendu l’incontournable René Magritte, figure endormie dans l’univers photographique de l’artiste américain Duane Michals, grand enfant de 80 ans qui a séduit le jury dans le film de Camille Guichard, lui décernant une Mention Spéciale (Duane Michals – The Man who Invented Himself). Ce film libre et non conventionnel aurait pu, selon nous, prétendre au Grand Prix.
Palmarès
Grand prix
Helsinki Music Center – Prelude
Prix du Jury
Hard light / Lumière crue
Meilleur Film Educatif
John Cage – Journeys in sound
Prix de la création
Glauser
Meilleur Film canadien
Dans un océan d’images
Meilleur essai
Brancusi
Meilleur portrait
Sol Lewitt
Meilleur reportage
Huguette Oligny – Le goût de vivre
Meilleur film pour la télévision
The Dreams of William Golding
Prix pour les arts du design
The successor of Kakiemon
Prix ARTTV
La longueur de l’alphabet
Mention spéciale
Duane Michals – The Man who Invented Himself