Menée par Virgile (Orlando Vauthier) et Claire (Perline Lombart), une peste tête à claques qui croit que le monde est à ses pieds - et qui fut pourtant l’amie d’Elza lorsqu’elles jouaient encore à la poupée -, la bande va déchanter lorsque leur victime les filme à leur insu en plein ébats sexuels et menace de publier la vidéo. Pour Elza, c’est enfin l’occasion de prendre sa revanche en s’adonnant à un chantage à la sex tape: s’ils ne la laissent pas les accompagner au club Mirano pour leur prochaine soirée VIP, la vidéo sera mise en ligne. Mais jusqu’où Elza est-elle prête à aller pour assouvir sa vengeance? La harcelée ne risque-t-elle pas de devenir la harceleuse? Sortira-t-elle enfin du cercle vicieux de la violence? Ce petit jeu dangereux ne risque-t-il pas de se retourner contre elle?
Imaginez Carrie White, l’héroïne tourmentée de Stephen King, avec un smartphone et une caméra, qui déciderait enfin de prendre le dessus sur ses tourmenteurs : voilà le point de départ de ce court-métrage admirablement interprété, qui fait un constat très noir de la disparition des valeurs de décence les plus élémentaires chez la génération Instagram… Fable cruelle sur cette jeunesse sauvage sans repères moraux et sans discipline, qui a fait du vide, de la violence et de l’argent ses seules valeurs, pour qui la popularité se compte uniquement en nombre de likes, Fake It ‘till You Make It se situe dans la lignée thématique et visuelle du récent Promising Young Woman.
Bien entendu, le harcèlement scolaire est une problématique qui existait bien avant l’apparition des réseaux sociaux, mais le film de Laura Petrone et Guillaume Kerbusch décrit le phénomène comme un moyen diabolique de décupler le malheur d’enfants humiliés publiquement pour satisfaire le voyeurisme virtuel à l’échelle mondiale, de la manière la plus gratuite et haineuse qui soit. Ce film, tristement actuel, sera vu quelques semaines seulement après le suicide en France de Lindsay, 13 ans, et de bien d’autres. Vive le progrès!