Dès les premières séquences, Guillaume Senez installe son protagoniste dans une forme particulière d’attente et de recherche. Witold vient récupérer son fils, Ben, à un match de foot pour passer la journée avec lui et le ramener plus tard chez sa mère. La relation, parfois maladroite entre père et fils, comme une rencontre qui ne se fait jamais, est magnifiquement portée par le jeu des comédiens. Si elle est en effet douce et subtile, le réalisateur Guillaume Senez sème le drame grâce à une rétention d’informations sur le passé de Witold et déploie un hors champ très puissant, celui d’un homme qui ne parvient pas à « être père ».
Avec poésie, le conflit interne vécu par Witold traverse tout le film comme une incapacité à affronter le monde, à déconstruire son héritage et son imaginaire « d’homme fort et viril ». Le discours soutenu par le père autour de la compétition, de ce « qu’est un homme », utilisant des termes comme « massacrer » explore l’opposition et le conflit profond de l’héritage patriarcal et le rapport à une masculinité faite de clichés. La scène de bagarre prend son sens comme le point de départ d’une déconstruction, comme une opposition, un clivage entre l’image que Witold donne à voir, et ce qu’il est vraiment.
Finalement, le film de Guillaume Senez propose une réflexion diffuse sur ce qui fonde la masculinité d’un père et sa bataille pour la déconstruire. Une relation touchante et juste.