Arrivé sans écarts de conduite au tiers de sa peine, Alain demande, comme il en a le droit, sa libération conditionnelle. Avant de statuer sur celle-ci et de faciliter sa réinsertion tout en le testant, le prisonnier peut bénéficier de 36 heures de congé par mois. Le film débute lors du premier congé pénitentiaire d'Alain, en avril 2012, et s'achève avec la sentence du tribunal d'applications des peines en octobre de la même année. Entre-temps, Isabelle Christiaens a suivi cet homme lors de chacune de ses sorties.
L'occasion de présenter au spectateur les problèmes inhérents à la réinsertion tels que trouver un emploi, une formation ou un logement en peu de temps, sans revenus et avec un casier de taulard, mais aussi se garder de tout contact avec d'anciens détenus. Pas évident alors qu'Alain en croise dans la salle d'attente de sa psychologue. Se pose également le problème de la promiscuité entre les différentes parties; la famille d'Alain, sa complice libérée peu avant lui et la victime vivant en effet tous dans le même quartier à Schaerbeek. Et lorsque la victime rode par provocation au bas de la maison familiale afin de pousser Alain à la faute, celui-ci calme ses proches et les enjoints à garder, tout comme lui, son sang-froid. Surtout, ne pas céder à cette école du crime qu'est la prison comme il le résume clairement : "En rentrant, je ne connaissais personne, maintenant j'ai un bottin pour trouver des armes ou de la drogue si je le souhaitais."
Durant sa détention, ses enfants ont été recueillis par son père, magnifique de courage et de dignité, mais exténué par cinq années de souffrance. La chance d'Alain réside dans cette famille qui l'attend, une famille qui accepte plus qu'elle n'accuse et lui demande la même chose en retour. Pour Alain, il s'agit de retrouver son rôle de pivot d'une famille en difficulté tout en sachant parfaitement qu'il est responsable de la situation. La maison nécessite de sérieuses rénovations et son fils s'est mis à voler dans les voitures, la spirale infernale est en marche. C'est toute la force de l'Homme au harpon de montrer, par petites touches, les écueils liés à l'incarcération, de présenter les difficultés rencontrées par les proches des condamnés à travers cette famille en souffrance, mais unie. En attendant son éventuelle libération conditionnée par le port d'un bracelet électronique, les retours temporaires d'Alain permettent entre autres de soulager un patriarche à bout de force et de détourner le fiston de la pente savonneuse qu'il empruntait. Il faut avancer, coûte que coûte, et à défaut de refaire l'histoire, s'occuper de ses proches tant qu'il en est encore temps. Comme le dit Alain : "Si je me concentre sur mon passé, je me pends".