Tout autant que dans l’humanité, Nazha devant au quotidien, sur les réseaux comme sur les murs de chez elle, faire face aux messages de haine - racistes parfois, tristes, et amplis de rancœur souvent - à son endroit et à celui de son fils, tout autant qu’à celui de sa religion : “L’Islam tue”.
Le court-métrage de Patrick Tass pose d’ailleurs une deuxième question sensible: peut-on reporter la colère d’une perte, d’une injustice subie, sur la famille du coupable (et par extension, sur le cercle de ses proches, ou de sa communauté)? L’Envol semble nous hurler de manière presque impossible de nous mettre à la place de l’autre. De considérer sa peine à lui, qui a une autre vie, une autre réalité, une autre blessure sourde, mais tout aussi vive. Ne devrait-on pas tous faire notre Mea Culpa - thème qui apparaît tel un serpent de mer (de “mère” en l'occurrence) dans l'œuvre de Patrick Tass?
La plume du cinéaste-critique, virevoltant déjà çà et là dans les lignes de Karoo ou du Suricate Magazine, on pouvait s’attendre à une écriture fine et sensible. Ajouté à cela, un film esthétiquement très beau… Il n’en fallait pas plus pour que L’Envol, à découvrir au festival Cinemamed, ne nous élève corps et âme.