Le court métrage semble en outre jouer avec la temporalité. La matinée et la nuit représentent les faces d’une même pièce de monnaie rongée par l’espoir et l’amertume. Elle commence sa journée avec une bonne dose d’optimisme avant de sombrer dans la désillusion.
Quant aux problématiques traitées, Nina Alexandraki tente sans surprise de dénoncer les injonctions machistes et les entraves au plaisir imposées aux femmes en matière de sexualité. La frustration de l’héroïne face à l’égoïsme de ses amants ne cesse d’accroître. Elle ne se lamente toutefois pas sur son sort mais garde espoir, transforme ces situations humiliantes ou dramatiques en source de créativité et d’humour bienvenu. Malgré tout, la critique acerbe sous-jacente se fait sentir tout du long… Comment ne pas baisser les bras face au je-m’en-foutisme de beaucoup d’hommes au lit? Qu’il soit question de plaisir feint ou de consentement subtilement bafoué, les méditations, les ruminations de la protagoniste portent sur les limites de son désir, son apparente absence de liberté, un déterminisme inéluctable. Comme si elle devait se dissocier de la réalité, de ses envies et de ses opinions et qu’elle devenait un bout de viande dans le théâtre des hommes… Mais sa vision empreinte de hargne et d’acharnement souffle un vent de renouveau sur les barricades à toujours démanteler.