Modelant la terre pour de futures céramiques étranges, créatures fantastiques à un seul œil ou cousant des vêtements extravagants et loufoques, l'art de Johanna Monnier est toujours décalé et souvent très drôle. Grâce à la complicité de la réalisatrice, le film tend vers la performance où des personnages costumés se meuvent dans la forêt tel ce facétieux chaperon-rouge ou ce personnage mi-humain, mi-animal à la queue interminable.
Fonctionnant comme une exploration intérieure, la voix-off au timbre singulier raconte les états mentaux qui font parfois mal et qui sont des fuites de soi-même. Le titre du film renvoie à la dépression qu'à vécu Johanna Monnier pendant trois ans. Et le travail artistique lui permet de se retrouver, de retrouver un bout d'elle-même qui manque. La contrainte du travail devient sécurité. L'art devient alors un possible instrument de soin et, peut-être, de guérison.