Au tracé intime du parcours d’un jeune homme du pays de Galles vers Londres, Rebecca Jane Arthur pose d’emblée l’enjeu second de son film : comment ne pas se perdre dans la mythification d’un humain quand on décode la vie d’un membre de sa propre famille ? Sa réponse passe par des plans de paysage en Super8 et l’invitation faites à de nombreux passants à lire le titre de son film, Hit Him on the Head with a Hard, Heavy Hammer, ainsi que des passages du carnet intime. Le texte écrit prend là une de ses voies naturelles : celle d’être lu par mille voix et autant de vies.
Le parcours de ce jeune syndicaliste venu de la campagne qui côtoie autant la fête que la militance est porté par des plans de paysages champêtres gallois qui scandent la beauté de fleurs aux couleurs transcendées par la bobine et ceux des tours de bétons et de verre de la capitale. Enfin, il y a les paroles, les visages, les corps d’habitants et de riveraines qui scandent Hit Him on the Head with a Hard, Heavy Hammer dont on savoure la musicalité ainsi que les aspirations toutes singulières de chacune des voix qui portent ces haches et ces mots.
Au bout du compte, on ne saura trop qui doit recevoir ce merveilleux coup polyphonique – probablement pas un syndicaliste. Une certitude : le voyage est riche, envoûtant et porté par un travail sonore précis qui donne chair au moindre mouvement de végétal ou d’emballage plastique.