Si le film (2007) a pris quelques rides, l’émotion est intacte. Ici, point de grands discours, de grandes théories : la réalisatrice Isabelle Rey, rencontrée le 20 novembre dernier à la Maison de la Francité à l’occasion du Week-end du Doc (we-doc.be) et aussi, simplement, du rendez-vous mensuel de Fenêtre sur Docs, s’est faite toute petite, dans un coin, pour laisser aux enfants toute la place, et leurs propres mots. Filmé à leur hauteur, son documentaire (52’) est sans doute moins une étude sur « des mesures de discrimination positive favorisant l’accès direct aux livres pour tous », que l’histoire d’une rencontre, un portrait de femme même, de Véronique Bruyndonckx, plasticienne prise au jeu de l’animation en bibliothèque, qui guide et encadre mais, effacée elle aussi, ne tentera pas (ouf !) de nous expliquer par A + B comment l’enfant est amené à découvrir le plaisir de la lecture, ni pourquoi. D’ailleurs, parfois ça marche, parfois un peu moins : tous les enfants ne sont pas appelés à devenir Roald Dahl ou J.K. Rowling, mais les décomplexer face à l’objet « livre », le leur faire apprivoiser, ce n’est pas faire une génération de conteurs, c’est les rendre curieux, les ouvrir à un monde de savoirs pluriels, de différences légitimes et respectables.
Heureusement, à partir de la 1ère primaire, les enfants peuvent carrément ramener un livre chez eux, et ils en tombent à la renverse ! Le film d'Isabelle Rey donne envie de lire une histoire à ses enfants en les épiant du coin de l’œil. Et de le montrer aux plus grands en espérant pouvoir « repêcher » quelques-uns, qu’aurait rebuté la lecture imposée. Les expériences de ce genre se sont multipliées depuis 2007, nous assure Isabelle Rey, et les mesures semblent porter leurs fruits. Evidemment, on a très envie de la croire.