C’est donc avec des procédés tout droits issus de scénarios de cinéma, entre rebondissements et suspens. Mais aussi avec une langue acerbe. Des phrases courtes, ponctuées et décapantes, que l’auteur nous plonge dans les 40 années et quelques de “vie active” du narrateur. De ses années sur les bancs, à celles sur l’estrade. Dans les coulisses de ce métier “vocation” qui se transforme bientôt en “carrière”. Où l’abandon de la passion de l’enseignement cède doucement mais sûrement la place à l’ambition. Quitte à pousser les autres, à les harceler. Quitte à laisser de côté sa famille, de vivre à distance du fait d’un système de nominations géographiques imposées. Quitte à tout sacrifier pour réussir à décrocher le sésame de Professeur des Universités. Le professorat comme un sport de combat, bien loin du cliché des “profs qui ne font rien”.
Malgré tout, on ressent les lambeaux de passion de l’enseignement qui s’accrochent encore. Ce sentiment de connexion avec les élèves, de “« trip » avec mes étudiants. Je donnais cours comme je me serais shooté. Devant mon auditoire, j’étais en transe et, après le show, en état de manque.” Un show, une culture de la performance, de la scène, comme un clin d'œil aux premiers amours et premiers écrits de Frédéric Sojcher : le cinéma. À travers les surnoms attribués aux protagonistes du roman d’abord : Nosferatu, Betty Boops, Falstaff. Jusqu’aux appels de phares en direction de la Fémis ensuite. De multiples hommages que ce dernier effectue en direction du 7e art, pour nous rappeler que l’auteur est avant tout un amoureux de pellicule.
Un entrelacement dans l’ouvrage de l’enseignement et de l’audiovisuel, qui s’exprime d’ailleurs en clôture, par un hommage à l’universitaire Serge Regourd, aussi relecteur de l’ouvrage, qui a pris sa retraite en 2016. Professionnel des médias et de l’audiovisuel, vice-président de la Cinémathèque de Toulouse depuis 2010… Une référence qui n’a pas laissé indifférent l’auteur de cet article, qui s’est lui-même retrouvé sur les bancs de l’université à suivre les enseignements de celui-ci. Serge Regourd qui rappelait en 2021 d’ailleurs dans le Monde diplomatique, que bien loin d’être un monde d'entre soi, la culture a un vrai pouvoir sociétal, car “Désormais, tout est culturel !”