Considéré comme dangereux par tous les pouvoirs qui se sont succédés, identifié à Satan par les missionnaires de tous acabits, il est resté profondément ancré dans les coeurs et les coutumes de toute l'Amérique noire, de la Louisiane au Brésil en passant, bien sûr, par les Caraïbes.
C'est à Haïti, terre de courage, de résistance et de pauvreté que le cinéaste Jean Paul de Zaeytijd part à la rencontre du vaudou. Pas pour parler folklore ou religion, mais pour s'attacher à montrer, à travers des témoignages et des petites scènes de la vie, à quel point le vaudou est imbriqué dans le quotidien des habitants de l'île, quel rôle il a joué et il joue encore dans l'identité culturelle de ce pays. Haïti est le premier état d'esclaves à avoir acquis son indépendance mais il est, depuis, soumis à toutes les ingérences politiques, culturelles, économiques. La population, elle, compose, "fait avec". L'île est certes terre chrétienne, mais les esprits ont pris la forme des saints et des anges de la mystique catholique.
Plus qu'une savoureuse récup', on y voit les traces d'une culture tellement vivace qu'elle ressurgit partout où elle peut. "On me dit", explique un des interviewés, "que si je continue à pratiquer le vaudou, j'irai en enfer. Je ne veux pas aller en enfer, mais je suis obligé d'être vaudou parce que j'ai une famille et que je dois la protéger des malheurs et des mauvais sorts." Le vaudou et ses prolongement sont donc l'expression tranquille de l'identité culturelle d'un peuple, sa façon à lui, contre vents et marées, de continuer à être lui-même.