Lors du cocktail d’ouverture du jeudi 20 septembre, force était de constater que la minorité du secteur du cinéma était en majorité… Facile donc de compter les messieurs qui avaient osé ouvrir la porte, une dizaine sur 200 personnes. « Et pourtant, ils étaient invités ! », sourit Marie Vermeiren, une des organisatrices d’Elles tournent. Tout autour, les conversations allaient bon train, bien plus portées sur la fiction et le documentaire que sur la place des femmes dans le monde : gentlemen welcome !
Si le festival a donné, pendant quatre jours, la part belle au film du monde entier, il n’a pas pour autant oublié ses compatriotes faiseuses de longs et courts métrages.
Le premier soir, An Van Raemdonck a donné la parole aux Egyptiennes, saisi leur regard sur les changements politiques et leur place dans la révolution. Ce reportage, tourné en 2011, devrait être suivi par un deuxième volet que la réalisatrice belge est en train de tourner sur place. Quelle est la réalité des femmes depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammed Morsi ? Leur révolution est-elle encore possible ?
Paroles et regards de femmes encore avec Parler avec elle d’Eva Houdova à la fois drôle et touchant. Trois générations de trois familles immigrées en Belgique témoignent de leur vie et de leur place dans ce monde à trois époques différentes.
Le féminisme semble plus ancré dans la deuxième génération que dans la première et la troisième. Coups de gueule des unes, distance ironique des autres, le regard d’Eva Houdova elle-même immigrée en Belgique, explore au plus intime la transmission des expériences d’une génération à l’autre.
Enfin, le regard éminemment politique de Sacha Kullberg interrogeait avec Une philosophie les yeux fermés le devenir matériel du corps voué à la putréfaction. Que faisons-nous de ce reste qui continue sans nous ? Un sujet à la fois philosophique et écologique. 
Du côté des courts, le propos s’est fait plus léger. Film de genre un peu potache, Belgian Psycho de Katia Olivier nous invitait à l’anniversaire pour le moins sanguinolent d’une serial killeuse alors que Jessica Champeaux saisissait une séance familiale de pédicure virant à un tragi-comique règlement de compte générationnel…
Enfin, une séance spéciale animée et choisie par Muriel Andrin était consacrée au corps bien vivant de deux pointures de la chorégraphie, Anne Teresa de Keersmaeker et Pina Bauch. Avec Répétitions de Marie André et Un jour Pina a demandé de Chantal Akerman l’émotion était au rendez-vous. Ces deux films, tournés dans les années 80, font aujourd’hui véritablement partie du patrimoine cinématographique belge. Le matrimoine, lui, reste toujours à inventer.