Le film tout entier se structure sur cette base de départ. Le graphisme, à base de formes élémentaires, évolue en grands aplats noirs et blancs. Une histoire de poursuites à la Looney Tunes se met en place sur un rythme rapide et saccadé et, last but not least, la malicieuse musique composée par Pierre Gillet sous-tend l'action et en accentue le côté « spittant ». Dans Duo de volailles sauce chasseur, il y a quelque chose de Tex Avery et Chuck Jones. La lisibilité immédiate et le caractère bondissant et rebondissant de l'histoire, avec une variation de gags sur un thème récurrent est menée à une cadence endiablée. Mais le travail de Pascale Hecquet est personnel, et d'une cohérence absolue. Il y a du yin et du yang dans cet enlacement tournoyant de noir et de blanc, nécessairement indissociables, complémentaires. Avec un humour au vinaigre, elle observe notre couple de volailles, d'abord surtout préoccupées de sauver leurs propres plumes quitte à sacrifier l'autre en l'exposant aux regards, avant de comprendre graduellement le parti qu'elles peuvent tirer de leur collaboration.
Duo de volailles sauce chasseur est un court-métrage d'animation classique dans sa trame, original dans sa forme, drôle, efficace et accrocheur. Il lui manque juste, peut-être, un supplément de folie zinzin auquel le sujet se prêtait sans modération. Mais déjà ainsi, le film est doté d'un potentiel de sympathie qui lui attirera les faveurs du public. Diffusé sur la RTBF (dans l'émission tout court du 25 février), il le sera sans doute encore, et il vient de décrocher le prix de la SABAM à la compétition belge de l'édition 2012 d'Anima. Un encouragement pour sa réalisatrice (à qui l’on doit déjà La légende du chou et le très beau court métrage didactique Une girafe sous la pluie) et pour son producteur, Ambiances Asbl. Déjà bien diffusé en festivals, on espère le voir encore souvent sur nos écrans, grands et petits.