Didier Stiers : Quand avez-vous découvert la bd de Philippe Foerster ?
Sacha Feiner : Je devais avoir 8 ans, d'où, peut-être, le traumatisme et l'envie d'en faire quelque chose aussi longtemps après. Elle m'avait marqué à ce moment-là, comme quelques autres de ces histoires qui traînaient dans des magazines chez mes grands-parents…
D.S. : L’idée d’un court-métrage n’est donc pas née tout de suite !
S.F. : J’en ai vaguement eu l’envie quand j’ai commencé à bidouiller des petites animations dans mon coin ou à la Cambre. Sans être très précis, ça m'a quand même poursuivi assez longtemps ! C’est marrant d’ailleurs, parce que j’ai cherché quelque chose à adapter pour le long-métrage sur lequel je travaille pour le moment et je n’ai rien trouvé, alors que là, c’est la seule fois où ça m'a parlé à la base, jusqu'à ce que je sois « obligé » de l'adapter. J'ai rencontré Foerster en 2005, on a présenté le dossier à la Commission de Sélection des Films dix ans plus tard et on l’a eu du premier coup. Après, l’élément déclencheur a été l’envie de refaire un court-métrage. Le projet de long métrage que je pensais tourner à ce moment-là patinait, et puis sur un coup de tête, dans l’avion en rentrant de vacances, j'ai commencé à compléter le dossier. Le délai de remise était dans les dix jours. Vu ma tendance à pas mal traîner sur certaines choses, je dois dire que ces délais « m'aident » sans doute au moins autant à créer, que l'argent de la Commission. On ne dit pas non à l'argent qu'on reçoit, parce qu'on ne peut pas faire sans non plus, mais ils me forcent à constituer des dossiers solides et à vraiment savoir ce que je veux.
D.S. : D’où vous vient cette quasi religion du « do it yourself » ?
S.F. : (Rires) Peut-être d’abord de mon éducation : mon père est bricoleur et il m'a sans doute inculqué qu'on pouvait tout faire soi-même si on le voulait. Mais il y a surtout le fait que j’aime vraiment faire moi-même ce qui me passionne depuis toujours, comme ces effets spéciaux-là, qui sont réalisés sur le plateau, jouer avec des marionnettes, avec des décors miniatures, des choses comme ça. Alors je m’arrange aussi pour avoir un projet qui soit quasi fait sur-mesure, pour ce que j'aime faire tout seul. Et donc ce n'est pas vraiment une galère. Sinon, c'est aussi l'envie de me réapproprier des techniques d’effets spéciaux vues dans des films que j'aime, des techniques qui ne se font plus, ou pas comme ça.
D.S. : Êtes-vous de ces réalisateurs pour lesquels le court-métrage est un tremplin vers le long ?
S.F. : Outre le fait qu’on a eu l'aide à l'écriture pour le long, et que donc c'est lancé, je pense que c’est le court qui m’a permis de trouver le long. En théorie, ce ne sera pas de l’animation, mais du live. Et une histoire librement inspirée de mon traumatisme à l'école maternelle. Les personnages principaux sont supposés avoir cinq ans, mais on peut un peu tricher et travailler avec des enfants un peu plus âgés. Après, si on devient fous parce que ce n’est pas possible, on pourra toujours le faire en animation. Voilà pour la technique, mais c'est clairement le scénario qui aura la priorité.
Didier Stiers