Outre ces qualités purement cinématographiques, Dear Jean-Claude fascine, non tant par le choix de son sujet, que par la manière dont il est abordé. Une vision originale et profondément humaine. Au-delà du sourire, comment ne pas être ému par ce jeune marocain déraciné, fasciné par une société qui le méprise, et qui dépasse son sentiment de rejet en développant pour son pays d'adoption une admiration à la hauteur de son désarroi.
Mohammed est sans doutes le dernier Belge fier de l'être, et il n'a qu'incompréhension pour une population indifférente à l'honneur de vivre dans un aussi beau pays. Bien sûr son regard est tronqué et sa naïveté fait sourire, mais sa fraîcheur emporte l'adhésion, jusqu'à cette identification à Jean Claude Van Damme, pur produit belge, glorieux à l'étranger et méprisé chez lui.
Et on se surprend à s'interroger sur le regard sarcastique qu'on est amené à poser sur ce jeune homme dont le seul défaut n'est en fait que d'avoir des rêves plein les yeux. Une denrée si rare, si incongrue de nos jours et pourtant chez ce petit gars, le secret d'une pêche d'enfer. Celui qui a un rêve ne renonce pas, il grandit. Willem Wallyn, en nous entretenant légèrement de choses graves, le rappelle opportunément et, au-delà d'un point de vue sur l'intégration, met en question en douze minutes toute une vision du monde.