Le film s'inscrit dans le genre du road movie. Les paysages défilent de Bruxelles à Lisbonne, quelquefois des arrêts aux airs de repos. On franchit les espaces comme les étapes de la vie. Le film se construit progressivement à coups de pioches, de briques posées les unes sur les autres. La répétition d'images qui évoquent la mort devient construction comme le sable déversé pour faire le ciment, les dalles que l'on pose pour bâtir les trottoirs. En ça le film nous dit que même si la vie est éphémère, elle n'est pas fugitive car chaque instant qui nous est donné à vivre, nous construit, nous transforme.
Le réalisateur en sort transformé et décide de donner rendez-vous à ses parents au pays basque, où ils vivaient autrefois, à l'époque de la guerre civile d'Espagne. Au bout de l'enquête, comme un revers, on quitte la vie d'Ana pour aller vers celle du réalisateur. La dernière partie du film, qui pourrait constituer un court métrage en soi, est un retour aux sources où l'enfant et l'adulte se rejoignent au présent dans le passé. Faut-il parfois prendre des détours pour retrouver son chemin ? Le triangle se reforme : la mère, le père et le fils comme il y avait Ana, son fils et le réalisateur. Un premier film singulier et bouleversant.
Karen S.H.