Le futur « justicier dans la ville » incarne Joe Martin, ancien sergent de l’armée américaine menant une vie rangée près de Nice, où il gère une affaire de location de bateaux. Une quinzaine d’années plus tôt, pendant la guerre de Corée, Joe fut emprisonné pour avoir frappé un colonel. En prison, il rencontra l’énigmatique Cross (James Mason) et trois légionnaires nommés Vermont (Michel Constantin), Fausto (Luigi Pistilli) et Katanga (Jean Topart). Ensemble, les cinq hommes tentèrent de s’évader mais Katanga tua de sang froid un officier de police trop curieux. Dégoûté, Joe s'échappa seul, abandonnant ses complices, qui furent re-capturés. Des années plus tard, Cross et ses acolytes resurgissent. Devenus trafiquants de drogue, ils veulent se venger et utiliser le business de Joe pour transporter leur marchandise. Pour s’assurer de la coopération de ce dernier, ils kidnappent son épouse (Liv Ullman) et leur fille de 12 ans, qu’ils retiennent en otages dans une bicoque dans les collines de l'arrière-pays niçois. Rattrapé par son passé, Joe va devoir tout faire pour maintenir sa famille en vie.
Emballé avec dynamisme par Terence Young, solide artisan du film à grand spectacle (on lui doit trois des premiers James Bond), De la part des copains démarre comme une énième histoire de vengeance entre malfrats, mais sous l’influence de Matheson, se transforme, lors de son dernier acte, en implacable course contre la montre au suspense insoutenable. Cross ayant été atteint d’une balle dans la poitrine et se vidant lentement de son sang, il revient à Joe, au volant d’une Opel Commodore GS/E, de faire un aller-retour pour kidnapper un médecin s’il veut empêcher les meurtres de sa femme et de sa fille. L’occasion d’une hallucinante course-poursuite entre le héros et deux policiers motorisés sur d’étroites routes montagneuses, dont les cascades (réglées par l’incontournable Rémy Julienne) feraient passer les déchaînements motorisés de la série Fast & Furious pour d’aimables promenades en SIMCA.
Dans un rôle héroïque peu développé, Bronson n’a pas grand-chose à jouer, mais, au pinacle de sa forme physique, il laisse son iconique t-shirt noir, révélant ses impressionnants biceps, faire le job. Si le légendaire James Mason, en chef de gang agonisant, se montre plutôt effacé et si on se demande sérieusement ce que vient faire la grande Liv Ullmann dans un rôle d’épouse un peu ingrat, ce sont deux seconds rôles qui retiennent notre attention : le ténébreux Michel Constantin, lors d’une mémorable bagarre à mains nues avec le héros, mais surtout Jean Topart, qui compose un Katanga sadique, un effrayant fou de la gâchette qui lorgne d’un peu trop près les jupettes de la fillette du héros. Une ordure suintant la sueur et la perversité, au langage ordurier et à la pédophilie suggérée, comme on n’oserait plus en montrer de nos jours au cinéma.
Réussite modeste mais réussite quand même, De la part des copains était la première étape d’une collaboration fructueuse entre Bronson et Young, qui se retrouvèrent l’année suivante sur le western Soleil Rouge (avec Alain Delon et Toshirô Mifune) et en 1972 sur le film de mafia Cosa Nostra (avec Lino Ventura). De la part des copains est édité en Blu-Ray / dvd dans l’excellente collection « Make My Day », dirigée par le journaliste et réalisateur Jean-Baptiste Thoret, consacrée à des raretés du catalogue Studio Canal et qui, depuis un an, fait la joie des cinéphiles pointilleux avec des titres auparavant introuvables comme Mandingo, de Richard Fleischer, Sans mobile apparent, de Philippe Labro, La Mort a pondu un oeuf, de Giulio Questi et Near Dark / Aux frontières de l’aube, de Kathryn Bigelow.